17 janvier
Le miracle de Sainte Roseline


Visite de la chapelle Sainte Roseline


La chapelle Sainte RoselineLa chapelle Sainte Roseline appartient à la commune des Arcs sur Argens. Elle est située à l’écart du village, sur la D91 (à 10 km environ de Draguignan). Elle se trouve au pied d’une colline, au milieu des vignes.
Le bourg des Arcs sur Argens, portait en 1010 le nom de Archos, puis devint par la suite Castrum de Arcubus, c’est-à-dire Château des Arcs. Les seigneurs de ce château étaient les Villeneuve (du XIIe au XVIIe).
De nos jours, le village des Arcs est constitué d’une partie moderne, mais une seconde partie du village a conservé ses origines et est une véritable cité médiévale. On peut encore admirer la Tour du Parage, qui est un donjon du XIIIe-XIVe siècle, faisant parti à l’époque du Castrum de Arcubus, mais aussi la chapelle Saint Pierre datant du XIIe siècle.

La chapelle Sainte Roseline est un édifice du XIe et XVIe siècle. Il fut classé Monument Historique en février 1980. A l’intérieur nous trouvons plusieurs chef d’œuvre:

- Un tableau de 1644 : "Descente de croix" de A. Martiny, copie de Rubens.
- Un retable de la Nativité, actuellement en restauration.
- Des stalles de style renaissance, 1658.
- Une statue dorée du 19e siècle.
- Un retable sculpté de la déposition du Christ, 1514.
- Un maître autel baroque en bois doré, 1635.
- Un tableau de Saint Antoine de Padoue, 17e siècle.

La chapelle Sainte Roseline - Tableau descente de Croix La chapelle Sainte Roseline - Le retable de la Nativité La chapelle Sainte Roseline - Les stalles
La chapelle Sainte Roseline - Statue du 19e siècle

La chapelle Sainte Roseline - Le maître autel
La chapelle Sainte Roseline - Retable de la déposition du Christ
La chapelle Sainte Roseline - Tableau de Saint Antoine de Padoue


Toutefois la principale curiosité de la chapelle reste la châsse et le reliquaire de Sainte Roseline. Face à l’entrée, le visiteur est pris d’une vision saisissante ! Dans une impressionnante châsse (datant de 1894), repose un corps, admirablement et miraculeusement conservé depuis 7 siècles, celui de Sainte Roseline ! Elle est revêtue des insignes de son ministère de diaconesse : voile, étole, manipule. Plus loin, un splendide reliquaire, œuvre d’Armand Caillat de Lyon (1883) abrite des yeux, ceux de la Sainte, dont l’un d’eux, le droit, est intact et garde toute sa luminosité ! L’œil gauche fut malheureusement percé par le médecin de Louis XIV en 1660.

La chapelle Sainte Roseline - La châsse
La chapelle Sainte Roseline - Le reliquaire contenant les yeux de la Sainte

Mais qui était Sainte Roseline ? Intéressons-nous de plus près à son histoire…


Sainte Roseline


Roseline naquit au XIIIe siècle, le 27 janvier 1263, dans le château de Villeneuve, aux Arcs sur Argens (Var). Ses parents se prénommait Giraud II de Villeneuve et Aigline de Sabran d’Uzès. Son père était le quatrième seigneur de la branche des Villeneuve aux Arcs habitant le château féodal du village. Mais Giraud était un homme brutal qui interdisait à Roseline tout acte de charité. Sa mère était pieuse. Cette dernière, alors qu’elle était enceinte de Roseline, entendit une voix intérieure lui disant "Tu enfanteras une rose sans épine, une rose dont le parfum embaumera toute la contrée".

Roseline était aussi appelée Rosseline ou Rossoline, Rossoline signifiant Roseline en provençal. Pour d’autres, Rossoline faisait référence aux reflets roux de sa chevelure.

A l’âge de ses 12 ans, alors que Roseline sortait du château, son tablier rempli de pain pour les pauvres, elle fut surprise par son père, qui lui ordonna de montrer ce qu’elle cachait, afin de la corriger. Mais quand elle ouvrit son tablier, quel ne fut pas son étonnement ! Une brassée de roses s’était substituée au pain, à une saison où les roses ne fleurissent pas ! Constatant le miracle, ce dernier se résigna et la laissa continuer. Cette même année, sa mère mourut. Elle se transforma alors en véritable maîtresse de maison et s’occupa sans relâche de ses cinq frères et sœurs.

A 15 ans, Roseline entra en noviciat à la chartreuse de Saint André de Ramières, près du Mont Ventoux. Elle passa à Brignoles, Saint Maximin, Aix, Avignon, Orange. A 16 ans, elle fut admise à la chartreuse de Bertaud, dans les Hautes Alpes. Elle fut très proche de Jean XXII, premier antipape d’Avignon. La tante de Roseline, Jeanne de Villeneuve, était abbesse et prieure au couvent de la Celle-Roubaud et en 1285, Roseline rejoignit cette abbaye se trouvant très proche du château des Arcs. Elle y resta 44 ans.

En 1288, Roseline âgée de 25 ans, reçut la consécration des diaconesses. En 1300, elle prit la succession de sa tante et devint prieure. Elle consacra sa vie aux pauvres et malheureux. Selon la légende, le corps de Jeanne de Villeneuve serait resté intact durant 50 années après sa mort.

Le 17 janvier 1329, à l’âge de 66 ans, Roseline succomba, suite à des calculs rénaux. Des pèlerinages se formèrent immédiatement afin de lui rendre un dernier adieu. Des miracles se produisirent, des malades furent guéris à son contact. Tous furent étonnés de constater que son corps et ses yeux semblaient toujours vivants !

Roseline fut enterrée près de sa tante, dans le cloître de l’abbaye, en pleine terre, seul un linceul de tissu la recouvrant. A cet endroit poussaient des roses… Quelques temps après, une odeur de rose se répandit au-dessus de sa tombe et cinq ans plus tard, Jean XXII fit exhumer le corps afin de le transporter dans la chapelle du couvent. Le 11 juin 1334, lors de l’exhumation, un grand miracle fut constaté! Le corps de Roseline était intact !!!
Ses yeux, éclatant de vie, furent extraits sur l’ordre du neveu de Roseline, Elzéar de Villeneuve. Ce dernier les fit placer dans un reliquaire.

La chapelle Sainte Roseline - Le reliquaire des yeux de la SainteDe 1334 à 1614, les historiens ne peuvent dire exactement ce qu’est devenu le corps de Roseline. Ils supposent qu’il fut caché afin de ne pas être pillé. Mais en 1614 la relique refait son apparition, 280 ans se sont écoulés…et le corps est toujours intact!
En 1660, Louis XIV, redoutant une supercherie, envoya sur les lieux son médecin, le Dr Vallot. Ce dernier enfonça dans l’œil gauche une aiguille et celui-ci se creva, apportant la preuve que ses yeux étaient toujours vivants, 331 ans après leur extraction !

Au XVIIe siècle des reliques furent volées sur sa dépouille. En 1858 on fixa la date de sa fête au 16 octobre. Le 16 octobre 1883, ses yeux furent placés dans le reliquaire actuel. Le 5 juillet 1894, son corps fut traité et placé dans la châsse actuelle. En 1996, la châsse fut remise en état et la relique fut de nouveau traitée.

La Sainte repose encore aujourd’hui dans la chapelle Sainte Roseline, dans une châsse de verre. Sainte Roseline est invoquée pour les enfants malades.

La chapelle Sainte Roseline - La châsse

Arrêtons-nous un instant et découvrons une autre légende, celle de Sainte Germaine de Pibrac.


Sainte Germaine de Pibrac

Statue de Sainte Germaine de Pibrac dans l'église de Rennes-le-ChâteauSainte Germaine de Pibrac naquit dans le petit village de Pibrac, près de Toulouse, vers 1579. Son vrai nom était Germaine Cousin.

Dès sa naissance, elle souffrit d'infirmités: sa main droite était atrophiée et elle était atteinte d'écrouelles. Ste Germaine, orpheline de mère était pauvre, mal aimée et rejetée. Sa marâtre la considérait comme sa servante et en fit une gardienne de troupeaux. Elle était très pieuse et faisait preuve d'une grande dévotion envers Marie. Tout au long de sa vie elle n'accepta pour seule nourriture, qu'un peu de pain et d'eau.

Un jour, sa marâtre l'accusa d'avoir volé du pain de la maison. Elle l'obligea alors à ouvrir son tablier afin de constater son délit. Lorsque Germaine ouvrit ce dernier, le miracle s'était produit, à la place du pain se trouvaient des roses !

Elle mourut en 1601, elle avait 22 ans. En 1643, son corps fut retrouvé, intact ! Les linges et les fleurs champêtres qui l’entouraient, étaient eux aussi parfaitement conservés. Puis les premiers miracles se manifestèrent et les pèlerins affluèrent.

Elle est enterrée dans l'église de Pibrac, en face de la chaire. On la fête le 17 janvier.


Des ressemblances frappantes


Nous pouvons remarquer les nombreuses similitudes entourant ces deux récits :

- Toutes deux sont très pieuses dès leur plus jeune âge, se préoccupant des pauvres et des malades.
- Elles perdent leur mère dans leur enfance.
- Elles sont originaires du Sud.
- Elles s’occupent de l’entretien de la maison.
- Le miracle du pain se transformant en rose dans leur tablier est identique.
- Sainte Roseline meurt le 17 janvier, la fête de Sainte Germaine de Pibrac est le 17 janvier.
- Après leur mort des miracles se sont produits, attirant la dévotion des pèlerins.
- Leur corps ne s’est pas décomposé.


Dans la tradition populaire, Sainte Roseline est assimilée à Sainte Germaine de Pibrac. Dans l’affaire de Rennes-le-Château, nous retrouvons dans la décoration de l’église de Rennes, mise en place par l’abbé Saunière, une statue de Sainte Germaine de Pibrac, mais aussi une récurrence de la date du 17 janvier. Le 17 janvier est le jour de l’apparition des fameuses pommes bleues dans l’église Sainte Marie-Madeleine, mais aussi la date inscrite sur la tombe de Marie de Nègre d’Ables (17 janvier 1781). Dans l’église, Saunière fit placer une statue de Saint Antoine Ermite, dont la fête est le 17 janvier. Bérenger Saunière aurait eu son attaque le 17 janvier 1917. N’oublions pas l’église Saint Sulpice à Paris (fête le 17 janvier) , qui est rattachée au légendaire de Rennes. En effet, selon la légende, Saunière s’y serait rendu lors de son voyage à Paris.
Nous noterons enfin, que le Méridien Zéro, avant sa redéfinition en 1884, était le Méridien de Paris. Il était matérialisé par un trait rouge, qui traçait sur le territoire la "Ligne Rouge", Rousse ou Rose-ligne. On ne peut que faire un rapprochement avec Sainte Roseline, dont le nom Rossoline faisait allusion, nous l’avions vu, aux reflets roux de sa chevelure. A saint Sulpice, sous la chapelle des Saints Anges, se trouve une autre chapelle souterraine où l’on vénérait jadis une Sainte Roseline…


Le pèlerinage

Chaque année, aux Arcs, un pèlerinage a lieu le 17 janvier, jour anniversaire de la mort de Sainte Roseline.



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Cette étude est intégralement reproduite dans le bulletin "A la recherche du Secret Perdu" n°2.



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B. S.



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