Rennes-le-Château, ses légendes, son mystère : Nostradamus et le tombeau du Razès
Nostradamus
et le tombeau du Razès


Dans la première moitié du seizième siècle un savant
médecin, qui était également un initié, s’est intéressé au
toujours mystérieux tombeau du Razès.
La méconnaissance de la profonde érudition de cet homme
a laissé dans l’oubli certains de ses textes qui aujourd’hui
nous interpellent…


Qui était Nostradamus ?

Connu du grand public seulement par ses prédictions rédigées dans un langage quasiment incompréhensible, Nostradamus ne peut être apprécié que si l’on se penche sur sa véritable personnalité.
Il nous apparaît comme un mythe, une légende ; alors qu’il fut un homme de chair et de sang, un méridional au tempérament dynamique qui le poussait vers des aventures à contre courant des mœurs de son époque.

C’est dans le contexte familial confortable de la bourgeoisie aisée que se déroula l’enfance de Michel de Notre-Dame à Saint-Rémy de Provence , ville où il naquit le 14 décembre 1503.

Ses deux grands pères étaient des savants juifs qui vivaient en contact direct avec René Ier, Duc d’Anjou et Comte de Provence. Ce personnage nous est surtout connu sous l’appellation familière du « Bon Roi René » dont le château domine encore aujourd’hui la ville de Tarascon. Le Roi René est tolérant et paternel. Il écrit des traités, des romans et des poèmes et protège artistes et savants, qu’ils soient chrétiens ou juifs. Mais en 1493, le roi de France Louis XII impose aux juifs un véritable ultimatum en leur accordant un délai de trois mois pour se convertir, faute de quoi tous leurs bien seraient confisqués… Alors les deux grands pères se font baptiser… Comment pouvait-il en être autrement ?… Elevé dans la foi catholique, le futur Nostradamus bénéficia au sein de sa famille d’un enseignement qui peut être qualifié d’ésotérique, mais secret. Toute sa vie, il proclamera sa foi et sa fidélité à la religion catholique.

Il fit ses premières « études officielles » en Avignon avant d’être admis à l’Université de Montpellier. Il avait alors 18 ans et connaissait déjà le latin, le grec et l’hébreu. C’était en 1521.

Ses études de médecine furent quelque peu mouvementées ; mais particulièrement brillantes. Il avait la réputation de posséder une mémoire extraordinaire.
Comme la plupart des étudiants, il complétait les cours de la faculté par des travaux pratiques rigoureusement interdits. Il n’était pas permis de disséquer des cadavres, car toucher au corps humain était considéré comme un sacrilège. Mais de nuit, des groupes d’étudiants franchissaient la clôture de la ville en soudoyant les gardiens.
Ils se rendaient en cachette dans le cimetière sur l’emplacement duquel se trouve aujourd’hui l’immeuble des chèques postaux. Ils repéraient une tombe dont la terre avait été fraîchement remuée et ils emportaient un cadavre enseveli depuis peu. Ils empruntaient prudemment les petites rues de la ville avant d’entreprendre une veillée studieuse et dangereuse. Leurs travaux les menèrent à des découvertes qui devaient rester secrètes…


Médecin et sorcier

Au cours de ses études de médecine, la peste ravage le Languedoc. Michel de Notre-Dame interrompt ses études pendant quatre années pour soigner les pestiférés à Narbonne, Toulouse, Bordeaux et autres lieux. Une telle interruption se produisait fréquemment à cette époque lorsqu’il s’agissait de prodiguer des soins lors d’épidémies impossibles à enrayer.
Les résultats qu’il obtient sont surprenants…
« Comme par miracle », il sort vivant de ces années terribles. Ce mot miracle est celui que chacun prononce autour de lui. Il revient à la faculté de médecine de Montpellier, auréolé d’une renommée acquise par son expérience et par … « sa chance ».

Notons au passage qu’il fut quelque temps condisciple de François Rabelais entré à la même Faculté en 1530. Leur vie, semble-t-il, est « rabelaisienne »… et l’illégalité souvent à leur programme. Dans la « discrétion » de leurs travaux pratiques, malgré les risques encourus, ils font, semble-t-il, d’importantes découvertes, par exemple en ce qui concerne l’asepsie. Ils déterminent de nouvelles méthodes pour protéger l’organisme. Lors d’interventions chirurgicales ou de soins, cette protection consistait à supprimer les effets des apports microbiens. Ils ne pouvaient rien révéler des résultats de leurs travaux qui peuvent fournir une explication de « la chance » de Nostradamus qui, en contact permanent avec les pestiférés pendant quatre années, échappa « miraculeusement » à la terrible maladie…

Michel de Notre-Dame obtient son doctorat en Médecine malgré les reproches de ses maîtres qui l’accusent de sortir des sentiers battus. Ses principes d’hygiène apparaissent comme une thérapeutique révolutionnaire pour l’époque. Il intrigue bien des gens en utilisant « une poudre » qu’il est seul à posséder.

Muni de son diplôme de médecin, de son savoir, de ses découvertes… et de sa poudre, Nostradamus soigne malades et pestiférés sans rien révéler de son érudition. Les risques sont trop grands.

Il parcourt la Provence et le Languedoc et gagne son existence en tant que médecin, mais aussi par la vente très habile de fards, de parfums et de philtres de sa composition. Par ses « recettes » – y compris celles qui consistent à faire des confitures – il démontre discrètement qu’il a fait des découvertes que les pouvoirs en place le contraignent à garder secrètes.


Des voyages ininterrompus
au séjour dans le Sud-Ouest

Voilà donc Michel de Notredame à nouveau sur les routes du Midi de la France. Provence, Languedoc, Sud-Ouest ; il connaît bien ces régions. Lorsque plus tard, dans ses textes obscurs, il citera des noms de villes ou de lieux, il ne fera pas les confusions que certains de nos contemporains lui ont prêtées.

Sur le terrain, après pas loin de cinq cents ans, les traces de son passage ne sont pas toutes effacées ; bien que parfois elles confinent à la légende.
Cet homme d’une vive intelligence observe les gens, observe les régions qu’il parcourt… et observe les astres. Il n’est pas un rêveur, mais un homme d’action…Que cherche-t-il, quelles confirmations vient-il demander ? Et qu’a-t-il trouvé ?

Son voyage prend une dimension initiatique, avec des zones d’ombres comme il en existe dans la vie de tous les personnages exceptionnels qui semblent se retirer, se faire oublier, avant d’entreprendre une brillante vie publique.

Nous savons qu’il a séjourné à Agen où il s’est installé en 1533 ou 1534. Nous manquons de précisions et ces dates sont peut-être symboliques ; comme semble le confirmer notre étude numérologique. Dans cette ville, il se marie et a deux enfants: une fille et un garçon… S’agit-il d’une réalité ou d’une légende à interpréter ? Ni l’identité de son épouse, ni ses origines ne nous sont connues.
Ses deux enfants meurent très jeunes et en 1539 c’est sa femme qui meurt subitement. Ces décès inexpliqués ont fait naître bien des suppositions basées sur des faits dont l’authenticité peut être mise en doute.

Il quitte Agen et entreprend un long voyage qui dura, dit-on, huit années. Quelles furent les régions qu’il parcourut ? Quelles furent ses étapes ? Quelques indications nous sont parvenues, avec peut-être des légendes et des affabulations… Il a parcouru le Midi de la France et certainement la région du Razès où une importante communauté juive est installée à Alet. Ses voyages s’étendent à tout le Midi et à l’Italie, ainsi qu’à certaines régions de l’Est et de l’Allemagne. A-t-il séjourné à l’abbaye d’Orval ? Est-il à l’origine de cette célèbre prophétie ? Est-il allé sur l’autre rive de la Méditerranée, en Perse et en Egypte ? Tout ce qui se rapporte à Nostradamus ne peut être accepté sans réserve, mais il ne faut pas non plus rejeter des éléments douteux qui peuvent voiler une signification à découvrir. Par exemple, ces deux ouvrages contenant cent quatre vingt-deux épigrammes et composés de vers en français précédés du titre suivant : « Orus Apolo, fils d’Osiris, roi de Aegipte niliaque, des notes hiégloryphiques livre deux, mis en rithme par épigrammes œuvre de incrédible et admirable érudition et antiquité, traduit par Michel Nostradamus de Saint-Rémy-de-Provence. »

Nostradamus connaissait l’hébreu dont les textes sacrés ont leur origine dans l’antique civilisation égyptienne. Dès son enfance, ses grands pères lui ont fat connaître des ouvrages secrets avec les sciences de la kabbale et de la thora. Les révélations qu’ils contiennent font l’objet de recherches par notre science du XXI° siècle qui s’efforce de les « décoder ». Alors, Nostradamus et l’Egypte, que ce soit une légende ou une « invention » récente ; c’est peut-être « un signe ».

En 1547, il s’installe à Salon-de-Provence où il épouse le 11 novembre Anne Ponsarde. Auparavant ses déplacements furent incessants et il les poursuivit après son mariage par des voyages en France et en Italie.
A Salon, il exerce la médecine, confectionne ses médicaments et ses fards et commence à écrire, ce qu’il n’avait pas encore entrepris. Chaque année, il publie un « almanach », ce qui se fait fréquemment à cette époque où surgissent de nombreux « Liber Mirabilis » dans lesquels on trouve des prédictions répétitives.

Nous ne nous attarderons pas sur la période qui a suivi, jusqu’à sa mort en 1566. Ses écrits ont fait l’objet de multiples commentaires. Insistons seulement sur la méconnaissance de l’homme qui fut un scientifique d’une rare érudition. Il subit la nécessité de toujours cacher les sources de son savoir et de voiler ses messages par un style très personnel, savant, souvent percutant, précis et non dénué d’humour. Parcourir et étudier ses nombreux écrits, c’est être très vite envahi par le personnage autant que par ses textes.

Lorsqu’on s’aventure à mieux connaître Nostradamus,
on se prépare à mieux le comprendre.

 



LE RAZES ET SON MYSTERIEUX TOMBEAU


Pourquoi ces « légendes » autour d’un tombeau dans le Razès ?
Comment Nostradamus a-t-il connu cette énigme et pourquoi l’a-t-il révélée en plusieurs quatrains en un style exceptionnellement facile à comprendre ?


Une logique de l’histoire

Les origines juives de Nostradamus ne pouvaient que l’inciter à connaître la population d’Alet lorsqu’il vivait à Agen et parcourait le Sud-Ouest.

Le Midi de la France a abrité des communautés juives avant même l’époque de Jésus-Christ. A Embrussum, près de la ville actuelle de Lunel, des vestiges archéologiques attestent leur présence plus d’un siècle avant J-C. Lunel fut le siège des grandes écoles juives qui furent à l’origine de la création de l’Université de Montpellier. Enfin c’est à Lunel, ainsi qu’à Narbonne que des rabbins ont mis en forme la Kabbale aux XII° et XIII° siècles. Dans le sud de ce qui allait devenir la France, les juifs « d’Occitanie » ont joui des mêmes libertés et droits civiques que toute la population issue de diverses autres origines.

Lunel, Embrussum et les plages des Saintes-Maries sont proches de Montpellier où Nostradamus fut étudiant, et à proximité de sa Provence natale.

Au plus profond du Golfe du Lion, une région marécageuse constitue une partie des terres. Des lagunes séparent ces terres de la mer Méditerranée depuis la région de Port-Vendres jusqu’à l’embouchure du Rhône. La profondeur des eaux de ces lagunes reliées entre elles permettait aux bateaux de commerce d’y naviguer. Au nord de la région de Lunel s’étendaient des terres fertiles, des plantations de vigne et d’oliviers, des garrigues et des forêts. Les collines allaient permettre de creuser des carrières pour extraire des pierres de qualité que diverses civilisations ont utilisées.
Dès le sixième siècle avant notre ère, les Ibères créent des voies de communication qui furent récupérées par les Romains. Les grecs ont succédé aux Ibères avec qui ils ont un temps cohabité, ainsi qu’avec des Celtes que nous connaissons sous l’appellation de Gaulois. Lunel devient une cité florissante au cinquième siècle de notre ère avec les Francs et grâce à son port, Villa Portus, ainsi qu’à l’action des juifs nombreux et dynamiques.

Pourquoi et depuis quand tant de juifs dans la région de Lunel ?
Certains historiens situent le début de la diaspora juive avec la prise de Samarie en 721 avant J.-C. Depuis cette époque les arrivées se succédèrent en raison des vicissitudes de l’histoire. En 49 de notre ère, l’empereur Romain Claude les chasse de leur pays. C’est une émigration massive par terre et par mer qui les fait se réfugier dans des régions hospitalières. Ils furent nombreux à débarquer sur les plages situées au fond du golfe du Lion où l’occupation romaine leur était moins hostile.
En 68, une arrivée importante est confirmée par des documents officiels. La fortification du Castrum abrite une colonie qui ne cesse de se peupler car elle est accueillante pour les nouveaux arrivants. Il sont en provenance de la région de Jéricho en Palestine que vient de conquérir l’empereur Romain Vespasien. La prise de Jéricho est devenu le symbole de la naissance de la ville de Lunel.
En 70, Titus détruit Jérusalem et son temple. Les émigrés hébreux affluent par terre et par mer. De nombreux bateaux viennent s’échouer de part et d’autre de l’embouchure du Vidourle où se situe le port de Villa Portus. En 117, c’est l’empereur Romain Hadrien qui expulse un grand nombre de juifs.

Il convient de souligner que des moyens financiers importants étaient nécessaires pour que ces exilés traversent la Méditerranée afin de s’éloigner de la barbarie romaine. Ce ne sont que des familles nanties composées, la plupart du temps, de personnages instruits, cultivés … et parfois initiés.

Il est donc historiquement prouvé que de nombreux juifs ont traversé la Méditerranée pour trouver refuge en des lieux où ils savaient que d’autres les avaient précédés. Parmi ces familles et ces groupes se trouvaient des exilés juifs persécutés pour leur appartenance à « la secte » fondée par « le prophète Jésus ». Bon nombre de ses partisans quittèrent les régions des « Terres Saintes », soit pour répandre la parole du Christ, soit pour se mettre à l’abri des persécutions. Il est évident que leurs barques accostèrent souvent sur les côtes du Golfe du Lion où les plages sablonneuses facilitaient leur débarquement.

Ces réalités historiques, au fil des siècles, se sont perpétuées par des traditions orales qui souvent les transformèrent en légendes. Ces légendes ont évolué par l’apport des conteurs, de leur poésie et de leur attrait pour le merveilleux. L’Eglise de Rome, pour asseoir son pouvoir, a participé à cette évolution afin d’en récupérer ce qui lui était favorable.


L’authenticité des Saintes-Maries de la Mer

L’arrivée des Saintes Maries par la mer devient un événement plausible malgré son récit surprenant et insolite.

La petite barque de la légende pouvait être un frêle esquif mis à flot depuis un bateau plus important qui ne se risquait pas à proximité des bas-fonds près de la plage. La légende indique que les Saintes étaient accompagnées de leur servante Sarah la Noire. (Le symbolisme alchimique s’ajoute à l’histoire.) Elle cite aussi d’autres personnages tels que Lazare, le ressuscité, et surtout Joseph d’Arimathie. Il est fort possible qu’ils aient voyagé ensemble sur le vaisseau qui a ensuite mis des petites barques à flot pour débarquer.
Il est à noter que ces exilés étaient des personnages de haut rang dans la dynastie et la société hébraïque. Nous savons que Joseph d’Arimathie avait la confiance de Ponce Pilate et qu’il disposait des moyens financiers lui permettant d’organiser l’exil de nombreux réfugiés sur plusieurs de ses bateaux. Que la région de Lunel ai été le but de leur voyage est tout à fait logique en raison de l’importance de l’accueil qui pouvait leur être réservé et la plage qui a aujourd’hui pour nom « les saintes-Maries de la Mer est toute proche.

D’autres circonstances pouvaient faire utiliser d’autres points de débarquements qui furent nombreux depuis l’embouchure du Rhône jusqu’aux abords de la ville quasi romaine de Narbonne et au-delà. Citons aussi l’île de Maguelone et son Port-Sarrazin.
Mais pour bon nombre de ces réfugiés la région de Lunel ne constituait qu’une étape avant leur dispersion à l’intérieur des terres. Il est certain qu’ils préféraient des lieux hospitaliers à l’écart des toujours possibles répressions romaines. C’est ainsi que la région d’Alet et le Razès au pied des Pyrénées leur offrirent des refuges plus surs.
C’est à Alet qu’en bordure d’une petite place une maison a la réputation d’être « la maison de Nostradamus ». A-t-elle appartenu à sa famille ? Y a-t-il séjourné ? Comment affirmer aujourd’hui « une vérité historique » en prenant pour bases des traditions ? Celles-ci ont certainement des faits réels pour origines, mais les preuves n’ont pas attendu les historiens pour disparaître ou demeurer cachées.

Alors que nous cherchons parmi des légendes, des documents et surtout des hypothèses, Nostradamus semble nous narguer ; car lui, « il savait » ! Il connaissait le « grand secret » qui a fait connaître le Razès et la localité de Rennes-le-Château au monde entier…


Sept quatrains pour le Razès

Il est utile de connaître la région du Razès et de Rennes-le-Château autrement que par des livres pour apprécier les textes de Nostradamus. Il faut avoir parcouru ces sentiers et ces bois qui semblent garder les empreintes d’un voyageur du seizième siècle. Sur ses traces bien des chercheurs, certains avides de connaissances et d’autres poussés par la cupidité, ont ressenti les vibrations d’un passé qui n’en finit pas de nous interpeller, comme il interpella un modeste curé vers la fin du XIX° siècle.

Nostradamus nous confie que la découverte d’un sépulcre
aura des conséquences religieuses et politiques…
sans préciser à quelle époque ces évènements surviendront.


Premier quatrain :
« Au fondement de la nouvelle secte
« Seront les eaux du grand romain trouvez,
« Sépulcre en marbre apparoistra couverte,
« Terre tremblera en avril, mal enfouez »

Il semble que les six autres quatrains qui contiennent le mot « Razès » soient étroitement liés à celui-ci et traitent du même sujet.
Il est à noter les précisions citées en langage claire : Il s’agit d’un sépulcre en marbre qui était mal enfoui et qu’un tremblement de terre survenant en avril fera apparaître. Il est toujours possible que derrière ces mots se cachent des interprétations symboliques.
L’appellation « Grand Romain » se prête à plusieurs interprétations. S’agit-il d’un romain, ou de quelqu’un venu de Rome ou de son empire ? Il est précisé que « les os » qui seront trouvés dans le sépulcre ont un rapport avec l’époque où fut fondée « la nouvelle secte »… Le mot secte semble correspondre à la chrétienté qui fut au départ une « secte » dans le monde juif.
Ce quatrain est bien dans l’esprit de Nostradamus qui révèle ce qu’il sait, mais de façon à ne pas risquer d’être inquiété. Nous savons qu’il « joue » avec les mots, avec les symboles, avec des éléments d’astrologie et qu’il ne se prive pas d’introduire de l’humour et une certaine malice dans ses écrits…


Deuxième quatrain :
« Longue crinite le fer legouverneur
« Faim, fièvre ardente, feu et de sang fumée
« A tous états joviaux grand honneur,
« Séditions par Razès allumée. »

La dernière ligne annonce une « sédition » allumée à partir du Razès. Ce mot indique qu’il s’agit d’un soulèvement contre l’autorité établie. Pourquoi une telle réaction prenant naissance dans cette région ? A-t-elle eu lieu dans notre passé ou bien se produira-t-elle à la suite de la découverte du tombeau ?
Les premiers mots citent une longue crinite et sont associés aux mots fer et gouverneur. Crinite correspond à « crinière » qui caractérise une chevelure abondante. Nostradamus a plusieurs fois cité dans ses textes « l’étoile chevelue » pour désigner une comète… ou autre chose dans le ciel.
Les mots qui suivent correspondent à l’ambiance d’un conflit. Fer : les armes, la puissance guerrière. Gouverneur : celui qui détient le pouvoir et dans ce cas utilise la force. Ensuite viennent : faim, fièvre ardente, feu, sang fumée : dans leurs sens propre et figuré ces mots se trouvent dans le vocabulaire qui décrit un conflit ou une catastrophe.
Dans un conflit il y a des perdants et des gagnants. Ces derniers seront joyeux et honorés.

Ce quatrain prend l’allure d’un avertissement qui pose plus de questions que ce qu’il fournit de réponses.
Il en est ainsi bien souvent chez Nostradamus qui nous indique qu’il connaît les évènements qu’il décrit mais qui se protège en ne situant pas l’époque à laquelle ils se produiront. Pour notre recherche l’indication du lieu, « le Razès » est particulièrement importante.

Troisième quatrain :
« Du lieu es leu Razès n’estre contens
« Du lac Léman conduite non prouvée :
« Renouveler on fera le vieil temps,
« Espeuillera la trame tant couvée. »

Les gens liés à la découverte faite dans le Razès seront mécontents.
Pourquoi le Lac Léman est-il cité dans ce quatrain ? Au XVI° siècle la Reforme est née dans cette région. Est-ce une nouvelle évolution dans les conflits religieux qui s’allumeront comme dans « le vieil temps » ?
S’agit-il de vérités cachées (tant couvées) qui seront révélées ?


Quatrième quatrain :
« En péril monde et rois féliciter
« Razès esmeu par conseil ce qu’estoit
« L’Eglise rois pour eux peuple irriter
« Un montrera après ce qu’il n’estoit. »

Le monde sera en péril… Est-ce en raison des révélations du Razès ? Des rois ; donc des responsables politiques, se féliciteront de ces évènements. Nous savons que ces gens pratiquent toujours l’autosatisfaction et se félicitent même de leurs échecs.
Dans le Razès on sait ce qu’il en est. Le peuple sera « irrité » envers l’Eglise et les rois. Un de ces personnages montrera ce qu’il est réellement et son hypocrisie sera démontrée.


Cinquième quatrain :
« De bien en malle temps se changera
« Le pache d’aust des plus grands espérances
« Des grands deuils LVIS trop plus trébuchera
« Cognus Razès pouvoir ni coignoissance. »

Les deux premiers vers peuvent être traduits ainsi : Les temps changent et ce qui était considéré comme étant bien sera transformé en mal. La paix née dans le Midi avait engendré de grandes espérances dont il faudra faire son deuil. Les actions des grands, toujours plus importantes, feront trébucher la paix et les espérances. Les conséquences des découvertes du Razès ne seront plus reconnues et perdront leur pouvoir.


Sixième quatrain :
« Les deuils, laissez, suprêmes alliances,
« Razès grand mort refus fait à l’entrée :
« De retour être bien fait en oubliance,
« La mort du juste à banquet perpétrée.
»

Il faudra faire son deuil des suprêmes alliances. Quelle alliance pourrait être « plus suprême » que celle qui unit à « la vérité » ? Il faudra abandonner l’idée de l’acceptation de la vérité qui, si elle est telle que nous en formulons l’hypothèse, renverse toutes « les vérités » établies qui ont assis bien des pouvoirs.

C’est donc la réalité – ou l’identité – du Grand mort du Razès qui sera refusée et rejetée dans l’oubli.
La dernière ligne est lourde de sens et constitue la clé de cette énigme : « La mort du juste à banquet perpétrée ».
Au cours d’un repas, fut perpétrée la trahison qui entraîna la mort « du juste ». Le mot latin «perpetrare » signifie « accomplir » et est utilisé lorsqu’il s’agit d’accomplir un acte criminel. Lors du repas de la Cène, au cours duquel Jésus changea le pain en son corps et le vin en son sang, Judas accomplit son acte criminel de trahison.
Nostradamus affirme le lien qui existe entre le Grand Mort du Razès et Jésus qui au cours de ce « banquet » établit les bases des dogmes chrétiens. L’allusion est trop claire et trop importante pour qu’elle ne soit pas profondément motivée…


Septième quatrain :
« Pour Razès chef ne parviendra pas à bout
« Edicts, changez, les serrez mis au large,
« Mort grand trouvé moins de foy, bas debout,
« Dissimulé, transi frappe à beauge.
»

Il me paraît utile de commenter ce quatrain ligne par ligne :

« Pour Razès chef ne parviendra pas à bout
Ceux qui seront « à la tête » du mouvement né à la suite de la découverte du Grand Mort du Razès ne parviendront pas à leurs fins.

« Edicts, changez, les serrez mis au large
Les pouvoirs qui ont été cités : gouverneurs, rois, Eglise, n’hésiteront pas à modifier leurs lois afin d’écarter ceux qui voudront faire éclater la vérité.

« Mort Grand trouvé moins de foy bas debout
Sitôt que le Grand Mort aura été trouvé, la foi se trouvera considérablement réduite. Ses fondements seront sans dessus dessous.

« Dissimulé, transi frappe, à beauge. »
Pour appuyer ses affirmations, Nostradamus termine par ce quatrain qui rappelle le premier que nous avons cité. Il était question d’ossements trouvés dans un sépulcre en marbre, mal enfoui et révélé à la suite d’un tremblement de terre se produisant en avril.
A présent il nous informe sur le refus de cette découverte et nous donne des précisions sur les conditions de la sépulture.
Le marbre est une pierre qui constitue le couvercle de la sépulture qui n’est pas somptueuse, mais modeste. Il rappelle qu’elle est bien dissimulée. Il la compare à une froide beauge. La beauge est le gîte du sanglier, le nid de l’écureuil ; donc un endroit petit, modeste et sale.

En conclusion, le Grand mort du Razès
est dissimulé dans une modeste et froide demeure : le tombeau…
et qui plus est,
LE TOMBEAU DU RAZES


Connaissance, travail, transmission et prudence

Les prédictions de Nostradamus sont difficiles à décrypter et nous sommes amenés à en douter avant d’être placés face à des évidences. La plus grande partie de ses écrits qui annonçaient des évènements de « son futur » appartiennent à « notre passé ». Nous avons l’embarras du choix pour constater qu’ils décrivent des faits réels, tels qu’ils se sont déroulés.
Nos interprétations peuvent être erronées, mais n’oublions pas que tout est exact dans ses descriptions pour des époques jamais précisées.

Nostradamus était en butte aux répressions de l’inquisition qui l’auraient certainement abattu sans la protection efficace de Catherine de Médicis. Il avait bien des choses à nous transmettre, mais il savait que trop de limpidité dans ses écrits entraînerait leur destruction et sa perte.
Alors, il a volontairement voilé les possibilités d’interprétation pour nous pousser à « jouer aux devinettes ». Ce mot « devinette » vient du latin « divinari » qui signifie « exercer la divinité ». N’oublions pas que cet homme était d’origine juive et instruit aux sciences secrètes de l’hébraïsme. Par nécessité – et peut-être aussi par conviction – il s’affirmait bon et fervent catholique. Dans son sens le plus large et selon sa signification grammaticale, « la divination » est l’exercice du pouvoir divin. Il a écrit que « c’est la réalisation de la science divine qui révèle la connaissance des choses cachées et éclaire les secrets du futur. » Qu’y a-t-il de plus secret que ce que protège une sépulture?

Comment était-il en « contact » avec cette science ? Il est certain qu’il détenait un « grand secret » qu’il a protégé en créant le mystère autour de son œuvre. Il a fourni quelques explications mais qui parfois paraissent contradictoires.

D’une part il fait état « d’un naturel instinct accompagné d’une fureur prophétique. » C’est dans une ambiance d’exaltation qu’il décrivait «ce qu’il voyait et ce qu’il ressentait, » d’une façon intuitive et sans aucun artifice de quelque nature que ce soit.

Il nous décrit sa méthode de travail :
« Etant assis de nuict estude,
« Seul, repose sur la selle d’airain :
« Flambe exiguë sortant de solitude,
« Fait prospère qui n’est à croire vain.
»

Il a besoin du calme de la nuit pour se retirer en son lieu d’étude. Il dit être seul, « assis sur une selle d’airain ». S’agit-il d’un trépied semblable à celui de la Pythie de Delphes ? Non, il s’agit d’une selle, de l’objet qui permet de chevaucher et d’aller (à cette époque) le plus vite et le plus loin. Sa selle lui fait enfourcher « Pégase » ; et l’airain est le métal éminemment symbolique souvent cité dans la Bible et particulièrement à propos du temple de Salomon à Jérusalem.

Un autre quatrain fait suite à celui que nous venons de citer :
« La verge en main mise au milieu des branches,
« De l’onde il mouille et le limbe et le pied,
« Un peur et voix frémissent par les manches,
« Splendeur divine le divin près s’assied.
»

Il dit tenir en main une verge, mot qui désigne une branche mince. Elle se trouve au milieu des branches ; ce qui peut signifier qu’il a « plusieurs cordes à son arc ». Il peut s’agir d’un savoir divisé en branches différentes et complémentaires. Il peut aussi s’agir d’une sorte de « baguette magique » indiquant qu’intervient une sorte de « magie » qui consiste à utiliser les forces de la nature. Mais Nostradamus est médecin ; et pas n’importe quel médecin puisqu’il a été médecin et conseiller du Roi Charles IX. Cette « verge » peut représenter le caducée d’Hermès qui se termine par deux ailes libérant l’Esprit et le mettant en contact avec des niveaux supérieurs. C’est aussi le travail de l’Alchimie.
L’onde qu’il évoque peut désigner les eaux « célestes » d’où lui vient un flot d’inspirations qui lui font modeler ses vers et ses quatrains. « Le pied » correspond au nombre de syllabes de chaque vers et « le limbe » à ce qui est autour.
Ainsi, il précise qu’il n’est pas seul et que l’inspiration lui apporte la splendeur divine et lui dicte ses prophéties. En affirmant son contact avec le Divin, alors que certains l’accusent de pactiser avec le diable, il affirme un fois de plus sa foi catholique.

Mais il ne s’en tient pas là et nous révèle d’autres sources… qu’il s’empresse de transformer en protections.
Il écrit : « Craignant aussi que plusieurs livres cachés pendant de longs siècles soient connus, et redoutant ce qui pourrait advenir, après les avoir lus, j’en ai fait cadeau à Vulcain. »
Il serait difficile d’être plus malin pour masquer les origines d’un savoir exceptionnel et dérangeant. Il peut assurer sa défense en prétendant que ce qu’il a écrit, il l’a lu dans de très vieux livres restés longtemps cachés. Nous pensons évidemment aux ouvrages juifs que ses grands pères possédaient et qu’il a étudiés. Il n’est donc pas responsable de leur contenu. De plus, de crainte que ces textes influencent d’autres personnes, il affirme les avoir brûlés… Ainsi, plus de preuves et une justification louable.

Quels étaient ces livres très anciens ? Les a-t-il conservés ou copiés ? Que sont-ils devenus ? Ce que ses grands pères lui on transmis est une culture et des sciences dont les origines remontent, par delà l’hébraïsme, jusqu’à l’Egypte antique.

Il a été écrit que lors d’une croisade en 1242, des orfèvres juifs installés à Angers, sous la protection des Ducs d’Anjou, auraient été les premiers à détenir des livres très anciens venus d’Egypte. N’oublions pas que les grands parents de Nostradamus vivaient à la Cour du Duc d’Anjou. Maïmonides, un rabbin de cette époque, a écrit : « Tout est écrit dans la Thora, soit en clair, soit par allusion, soit en gématrie, soit dans la forme des lettres. »

Il est évident que Nostradamus n’ignorait pas la Thora et probablement d’autres sciences encore plus secrètes. Mais il savait aussi que tout cela serait connu plus tard quand il écrivait : « Malgré cette forme voilée, ces choses deviendront intelligible ;et quand l’ignorance aura été dissipée, le cas sera alors plus clair. »

Cette phrase, extraite de sa « Lettre à César » me paraît être l’ultime prophétie de ce visionnaire. Il utilise le mot « ignorance » pour qualifier l’incompréhension de ses contemporains. Nous constatons que cette ignorance n’est pas encore dissipée malgré les avancées de notre science du XXI° siècle qui « découvre » ce que la Tradition nous révélait depuis des millénaires…

Aujourd’hui si nous relisons , entre autres, les textes de Nostradamus, nous pouvons les comprendre différemment à la lumière de découvertes qui ne contredisent pas ce qu’il nous explique, mais le présente différemment. Sous l’éclairage de la connaissance des particules élémentaires, de la physique quantique, des hologrammes, de la relativité du temps, etc. notre univers est encore plus fantastique que ce qu’il apparaissait dans les idées de « surnaturel » qui n’en finissent pas d’habiter l’esprit de nos contemporains.

Nostradamus fut l’un des héritiers d’une science antique qui connaissait la plupart de ces éléments et savait les utiliser. Il nous démontre que les notions de dons et d’interventions sur commande du « surnaturel » sont à remplacer par le savoir, le travail et la connaissance.
Cet intellectuel ne se contentait pas de « savoir ». Il expérimentait, mettait en pratique et travaillait « sur le terrain » pour parvenir à une connaissance que les totalitarismes de son temps ne lui permettaient pas de transmettre clairement.
Ses origines juives l’ont certainement aidé dans ses recherches à propos du Grand Mort du Razès. Il est permis de penser que les « livres » consultés chez ses grands pères lui ont ouvert des voies qu’il a su exploiter ensuite à Alet et dans le Razès.
Quelle est la nature des documents qui l’ont éclairé ? Quelles révélations et quelles preuves contenaient-ils ? Quelles furent ses recherches sur le terrain ?

Depuis l’époque de Nostradamus qui vécut de 1503 à 1566, des « légendes » et des réalités ont concerné des tombeaux dans le Razès… C’est tout de même étrange…


Des sépultures, toujours des sépultures.

A Rennes-le-Château, le registre paroissial signale qu’il existe dans la crypte « le tombeau des Seigneurs des temps inconnus ». Lorsque je commençais à m’intéresser aux mystères de cette région, au début des années 1970, cette révélation, mêlée aux multiples hypothèses relatives « au trésor » de l’abbé Saunière, ajoutait un élément aux mystères du lieu. Aujourd’hui c’est devenu «secret de polichinelle »…
Cette présence fut ainsi signalée en 1690, ce qui indique qu’elle était connue bien avant cette date. Nostradamus a très bien pu en être informé un siècle plus tôt…

En 1990, un livre a été publié sous la signature de S.P. Simon. Il a pour titre « L’or de Rennes et le tombeau du Christ ». (Editions Egregore) L’auteur donne des indications sur des galeries, des souterrains et des cours d’eau accessibles depuis la Tour Ronde du château de Rennes… et menant à ce tombeau…

Il est fort possible que d’autres sépultures soient encore à découvrir sur le plateau, au pied de l’oppidum de Rennes. Mon ami Alain Sipra situe en ce lieu un étrange monument encore enterré et qui pourrait être un mausolée des rois Wisigoths. Il a brillamment exposé cette thèse dans son ouvrage « la cité des chariots ». (Editions Privat)

Le tombeau peint par Nicolas Poussin a été commenté de différentes façons par de nombreux chercheurs. Ce tableau, « les bergers d’Arcadie » est à Paris, au musée du Louvre. Il est admis que cette peinture transmet un message de l’artiste qui vécut de 1594 à 1665. Il connaissait, lui aussi, de grands secrets… et c’était peu de temps après Nostradamus…

Le message de Nicolas Poussin est aussi opaque que les écrits de Nostradamus. Cependant une lettre qu’un prêtre, l’abbé Fouquet, adressait en 1656 à son frère ministre des finances de Louis XIV, annonçait l’extraordinaire découverte faite par Nicolas Poussin à propos d’un trésor fantastique susceptible de procurer d’inestimables richesses. Effectivement, le ministre Fouquet devint très riche ce qui entraîna son emprisonnement en 1661…

« La tombe d’Arques » était construite sur un petit promontoire en bordure de la route qui mène de Couiza à Arques. Elle ressemblait étrangement à la pierre tombale du tableau de Poussin. Avec beaucoup d’empressement certains commentateurs y ont vu l’origine de l’inspiration de Poussin. Il n’en est rien car ce « monument » avait été érigé en 1903… à l’époque de l’abbé Saunière. Existe-t-il un lien entre cette pierre tombale, le tableau de Poussin et le Grand Secret sans cesse rappelé par la présence de tous les tombeaux du Razès ?
J’ai pris une série de photos de ce curieux monument qui aujourd’hui n’existe plus. Les propriétaires du terrain excédés par d’indélicates visites nocturnes ont fait rase cette tombe dont il ne reste rien. Les « bergers d’Arcadie » du musée du Louvre semblent nous inviter à poursuivre patiemment nos recherches…

Un crime non élucidé et une autre tombe.
Du vivant de l’abbé Saunière, dans la nuit du 31 octobre au Ier novembre 1897, le curé de Coustaussa, Antoine Gélis, a été sauvagement assassiné dans son presbytère. Le vol n’était pas le mobile du crime car son argent n’a pas été dérobé. Peut-être possédait-il autre chose de plus important ?… Le mystère de ce meurtre n’a jamais été élucidé et l’assassin n’a pas été puni. L’affaire a été classée.
Le petit village de Coustaussa est situé en face de Rennes-le-Château. Il est dominé par les ruines squelettiques de son château qui n’en finit pas de tomber en ruines d’année en année. Tout à côté le cimetière communal n’abrite pas la tombe de l’abbé Gélis. Pour la trouver il faut entrer dans le vieux cimetière marqué par un semi-abandon. La sépulture est extrêmement modeste et son inscription est presque effacée. Je l’ai copiée avant de quitter ce lieu qui semble vouloir faire oublier le secret d’un homme qui fut victime d’un drame inexpliqué… malgré quelques hypothèses formulées de ci de là toujours discrètement. Ce « secret » a-t-il un rapport avec le « Crand Secret » de la tombe du Grand mort du Razès ?

Et la tombe de l’abbé Saunière !
Contre le mur de « son domaine » dans le petit cimetière de Rennes-le-Château une modeste pierre tombale indiquait le lieu où devait reposer à jamais Béranger Saunière et celle qui fut sa servante et sa confidente, Marie Dénarnaud. C’était ainsi lorsque je m’y suis rendu une première fois au début des années 1970. Quelques années plus tard une stèle à l’effigie du prêtre a été placé tout à côté ; mais elle fut vite profanée…
Les années passaient, tandis qu’autour de ce tombeau des curieux, des chercheurs et de nombreux personnages pittoresques et animés de diverses intentions se bousculaient pour répandre leurs versions plus ou moins fantaisistes, mais parfois rentables, de leurs multiples hypothèses. Ce furent des années médiatiques où la presse, les livres et la télévision matraquèrent le grand public avec des histoires de trésors, d’énigmes historiques, de textes codés plus ou moins authentiques et de bien d’autres éléments diffusés par des auteurs pas toujours bien renseignés… Mais qu’importe, Rennes-le-Château se vendait bien… J’ai connu un personnage qui a publié à propos de Rennes-le-Château, village où il n’est venu qu’une seule fois…tout juste le temps de se faire photographier devant la Tour Magdala.


Modeste au centre de ce tapage, la tombe de l’abbé Saunière préservait-elle dans sa simplicité et son indifférence des réponses aux questions posées par l’énigme de Rennes ?

Alors, en ce début du XXIème siècle, la tourmente finit par l’atteindre. Lors de fouilles aussi opaques que grotesques menés par les instruments les plus sophistiqués de la science de notre époque, on apprit qu’un coffre ainsi détecté sous la tour Magdala s’était transformé en un vulgaire caillou… Américains, italiens et même le Vatican furent mêlés à ces rocambolesques travaux. Mais l’abbé Saunière n’eut pas le temps d’en sourire dans sa tombe car celle-ci fut brusquement déclarée indigne d’un personnage aussi important. Et, malgré les dernières volontés de ce prêtre, sa dépouille fut sortie de ce qui devait être sa dernière demeure. On « fouilla » la sépulture et on transporta le corps de l’autre côté du mur pour le placer dans « un mausolée » que l’intéressé n’avait pas prévu. A-t-on trouvé autre chose dans la tombe ? Les autorités s’en défendent. Mais quand on a connu le récent épisode de la Tour Magdala !? …
C’est, je crois, la dernière en date des histoires de tombeaux dans le Razès. Aujourd’hui, si vous souhaitez vous recueillir sur la nouvelle tombe de l’abbé Saunière, vous devrez payer l’entrée dans ce qui fut son domaine.
Et tout semble lié à une grande et fantastique énigme qui excite bien des appétits…


Et Nostradamus dans tout cela ?

Celui qui fut surnommé le prophète de Salon-de-Provence, ce rusé provençal héritier de sciences antiques encore méconnues, ce médecin qui vécut les pratiques interdites des étudiants de la faculté de Montpellier, ce conseiller du Roi de France, ce véritable humaniste et ce voyageur infatigable, ne doit pas être considéré comme un hurluberlu qui racontait n’importe quoi !
Les « secrets » qui lui furent transmis au sein de sa famille et ceux qu’il découvrit dans ses contacts et ses recherches dans de nombreuses régions et particulièrement dans le Razès, son érudition, ses observations, son travail et ses découvertes, tout cela nous est parvenu. Il nous a « révélé » ; mais ses éclairages sont comme des flashes dont il faut saisir l’éclair avant que ne retombent les ténèbres qui « revoilent » une vérité entrevue. Ce n’est souvent que lorsque cette vérité éclate avec la réalisation concrète de l’événement annoncé que nous constatons que le prophète avait dit vrai.

Que savait-il de celui qu’il nomme le Grand Mort du Razès qui fut trahi lors d’un banquet ? Les allusions nous paraissent limpides, mais tout aussi troublantes sont les prédictions qui concernent la découverte de cette tombe minutieusement décrite et les conséquences qu’elle entraînera. Troublantes aussi les histoires de tombeaux qui depuis l’époque de Nostradamus, donc depuis le XVI° siècle, sont répandues dans la région du Razès et tissent une étrange toile de fond aux mystères et aux intrigues de l’histoire de notre pays et aux « légendes » de trésors jusqu’à l’aube de notre XXI° siècle…

Il savait, mais il ne pouvait pas tout écrire pour d’une part se protéger et d’autre part pour protéger ses textes que les puissants auraient pu détruire. Il se peut aussi qu’il ait craint que la compréhension de ses prédictions en ait entraîné un mauvais usage. Il l’a d’ailleurs précisé clairement dans sa lettre à Henry, roi de France Second, par ces phrases :
« Et j’aurais pu, si je l’avais voulu, mettre dans chaque quatrain un calcul de temps ; mais ça n’aurait pas plu à tout le monde, et encore moins mes interprétations, à moins que votre majesté m’ait envoyé assez de protection pour ce faire et ne pas donner prétexte aux calomniateurs de m’agresser. »
C’est Catherine de Médicis qui lui a offert une protection efficace et désintéressée. Il put ainsi faire face à l’hostilité d’une partie des habitants de Salon, aux jalousies actives d’autres devins évincés de la Cour et à la surveillance de l’Eglise et de la Sainte Inquisition. L’effigie de Nostradamus fut brûlée à Salon et il risquait un procès en sorcellerie qui pouvait le mener au bûcher.

Dans sa « lettre à César » il cite un texte significatif : « Ne jetez pas des perles aux pourceaux de peur qu’ils ne les foulent aux pieds et se retournent ensuite contre vous. »

Il semble qu’il ait regretté de ne pas nous informer avec plus de clarté. Sachant que notre « ignorance » des clés permettant d’interpréter ses messages se dissiperait un jour, il nous a invité à chercher en écrivant ; « Malgré cette forme voilée, ces choses deviendront intelligibles ; et quand l’ignorance aura été dissipée, le cas sera plus clair. » Il me paraît utile de répéter cette phrase qui a valeur d’encouragement. C’est à nous de « dissiper l’ignorance ».

Les quatrains qui citent le Razès et les évènements annoncés s’inscrivent dans l’œuvre globale du prophète. Cette œuvre colossale devrait lui donner une place importante dans la littérature du XVI° siècle, une place aussi notoire que celle de son condisciple Rabelais. Mais « notre ignorance » ne l’a pas encore permis…

Le moment est-il venu de dissiper les voiles des mystères ? L’actualité du début du XXI° siècle nous fait craindre que les hommes qui se placent sous les projecteurs de l’histoire n’en soient pas encore dignes…

Peut-être avons nous besoin de mieux nous disposer à chercher… Comme l’écrit mon ami Jean Blum, « parcourons le Razès pour admirer son étrange et sauvage beauté. » Nous pourrons aussi y rêver de tombeaux et de trésors… Mais le trésor que nous découvrirons en premier sera le fait de ressentir le calme et la sérénité dans un cadre grandiose. Au plaisir des yeux et de l’esprit s’ajoutent, pour celui qui s’y est préparé, la perception des riches vibrations de la nature et de celles que les générations de nos prédécesseurs lui ont imprégnées.

Nous retrouverons les paysages qu’a vus Nostradamus, nous foulerons la terre qu’il a foulée. Bien des choses ont changé, mais bien des choses demeurent en ces lieux qui relient un lointain passé à notre époque.
La science du visionnaire de Salon n’est pas en contradiction avec celle qui est la nôtre et qui depuis « sa découverte » de la relativité du temps, nous offre la notion de « l’éternel présent ».


Charly Samson

2005 – Propriété de l’auteur.
Tous droits réservés pour tous pays.






© 2004-2005  Textes & photos : BUTTEGEG Stéphanie - Musiques Originales : BLANCO Louis (SACEM)
Tous droits réservés - Reproduction intégrale ou partielle interdite