Un tombeau mis à jour et de mystérieux voyages
Le 21 septembre 1891 est un jour décisif dans la vie de l'abbé. Alors que les maçons préparaient l'installation de la chaire et procédaient à l'enlèvement de l'ancien carrelage, une incroyable découverte fut faite dans l'église. Dans son cahier-journal Saunière note : "21- lettre de Granes. Découverte d'un tombeau, le soir pluie". Il mit donc à jour un tombeau dans l'église ! L'entrée de ce tombeau était dissimulée sous une dalle, dont la face posée contre terre était sculptée. Cette dalle, appelée "Dalle des Chevaliers" n'était jusqu'alors pas visible, la partie gravée se trouvant en-dessous. Cette dernière semble être une dalle funéraire. Bérenger Saunière prend alors la décision d'arrêter les travaux sur-le-champ et remplace les ouvriers qui étaient présents ce jour-là par des nouveaux. Apparemment il ne voulait pas que cette importante découverte s'ébruite… Les travaux ne reprendront que le 14 octobre !
Le 29 septembre, il rencontre quatre de ses confrères, avec lesquels il s'est peut-être entretenu de son extraordinaire découverte. L'un d'eux, l'abbé Gélis, curé de Coustaussa, se fera sauvagement assassiner chez lui dans la nuit du 31 octobre au 1er novembre 1897, dans des circonstances encore non élucidées. Selon l'enquête, le mobile du crime n'était pas l'argent, mais la récupération de certains documents. Quoi qu'il en soit, comme Saunière, l'abbé Gélis disposait de sommes importantes, qu'il avait cachées en plusieurs endroits distincts de la sacristie et du presbytère. Le
14 octobre les travaux reprennent dans l'église. L'abbé s'atèle également à la
construction d'une grotte devant l'église,
au fond du petit jardin, avec des pierres qu'il allait chercher lui-même
au ruisseau des Couleurs. La fille des Denarnaud, Marie,
va à cette époque
devenir la servante de l'abbé Saunière et dès
lors une grande complicité va naître entre eux. Ils vont
ensemble faire des fouilles nocturnes dans l'église et
le cimetière.
Les tombes seront bouleversées. Saunière
fit construire un ossuaire afin de "faire du propre", selon
ses dires. Dans le cimetière se trouvait la dalle
funéraire
de Marie de Nègre d'Ables, dame d'Hautpoul de Blanchefort.
Cette dalle comportant de nombreuses anomalies aurait été réalisée
par un prédécesseur : l'abbé Bigou.
Ce dernier l'aurait soigneusement codée et Saunière,
découvrant
son secret prit soin de la faire disparaître. Le Conseil Municipal
déposera une plainte auprès du préfet concernant
le bouleversement des tombes et l'abbé sera contraint
d'arrêter ses agissements. Fin 1891, début 1892, Saunière entreprend la construction, derrière la sacristie, d'une pièce secrète et dissimulera en 1894 son entrée par un placard à fond truqué. Qu'avait-il à cacher ? A plusieurs
reprises Saunière va s'absenter quelques jours
de Rennes-le-Château, tout en veillant à garder secret
ses déplacements. Selon la rumeur il se serait rendu à Paris
où il aurait rencontré les plus grands occultistes de
l'époque, comme Jules Bois, Papus, Emile Hoffet, Claude
Debussy ou encore Stanislas de Gaïta et Oscard Wilde. On lui prête
même eu une liaison avec une célèbre cantatrice
de l'époque : la divine Emma
Calvé. Mais à ce
jour cet épisode demeure incertain. Ses petits voyages étaient
semble-t-il, destinés à monnayer ses découvertes,
car depuis l'année 1892, il ne compta plus ses dépenses.
On a pu estimer ses recettes à plus de 2 milliards de francs.
Au retour de son voyage à Paris il se serait procuré une
reproduction du célèbre tableau de Nicolas Poussin "Les
Bergers d'Arcadie". L'abbé fera aménager le jardin devant l'église, clôturer le cimetière, se fera bâtir un local près de celui-ci, qui lui servira de bibliothèque. Mais les plus gros travaux seront ceux de l'église. Cette
dernière sera entièrement rénovée,
puis richement décorée. De somptueux vitraux, mais aussi
de magnifiques statues seront
mises en place, dont la plus énigmatique reste celle d'Asmodée.
Le visiteur sera surpris de voir à l'entrée de
ce lieu saint le diable en personne surmonté d'un bénitier
et de quatre anges décortiquant le signe de la croix. Que vient-faire
un diable dans une église ? Constitue-t-il la clé du
mystère ? Est-il le gardien des secrets ? Le jour de la Pentecôte de l'année 1897 l'église est terminée et Rennes-le-Château reçoit une visite importante, celle de Mgr Billard. Ce dernier découvrira à sa plus grande satisfaction une église entièrement restaurée! Suite... B. S. © 2004-2005 Textes & photos : BUTTEGEG Stéphanie Tous droits réservés - Reproduction intégrale ou partielle interdite |